Archives
 
Vous êtes ici> > Patrimoine culturel et naturel > Grand-Rhinolophe > Habitat et vie

Habitat et vie

La saison de reproduction

Les Grands Rhinolophes passent la saison d'été dans les combles des grands édifices. Au printemps, en règle générale au début du mois d'avril, les Rhinolophes regagnent l'église de Vex. Cette espèce colonise les galetas chauds, à l'abri des dérangements. Nombreuses sont les espèces de chauves-souris qui ont su tirer parti des constructions humaines, offrant souvent des conditions idéales pour la reproduction. Sous notre climat tempéré, peu de grottes naturelles offrent en effet des conditions thermiques suffisamment élevées pour le Grand Rhinolophe. En contrepartie, il est à la merci des moindres modifications de son logis artificiel.
Année après année, la vieille église de Vex est occupée par cette espèce, logeant dans les petits combles du choeur. La journée, les chauves-souris se suspendent sous la soupente. Elles partagent leur temps entre de courtes phases de sommeil et de toilettage. Le soir venu, elles montent dans le clocher, puis tournent longuement devant les deux fenêtres nord de l'édifice avant de quitter définitivement l'église. Vous pourrez aisément observer le bal des chauves-souris en vous plaçant côté nord de l'édifice une demi heure avant l'obscurité, d'avril à octobre.
Seules les femelles adultes et les individus trop jeunes pour se reproduire composent la colonie de reproduction de Vex. Les mâles adultes se tiennent soigneusement à l'écart, seuls ou en petits groupes, et occupent d'autres églises ou cavités du Valais central.

Un seul petit par femelle

Vers la fin juin, chaque femelle donne naissance à un seul petit. La femelle, suspendue par les pattes, enveloppe son rejeton avec ses ailes pour éviter que ce dernier ne tombe. Le jeune s'accroche fermement à la fourrure ventrale de sa mère avant de se diriger instinctivement vers une des deux mamelles.
D'abord aveugle et presque dépourvu de fourrure, il est allaité pendant un mois environ. Lorsque la mère part en chasse , il se suspend comme les adultes, la tête en bas...Les premiers jeunes sont indépendants vers la fin juillet . D'un vol hésitant, ils quittent l'église avec les adultes et apprennent rapidement à chasser les insectes. Entre 15 et 20 jeunes voient le jour chaque année à St-Sylve.
En fin d'été, les Rhinolophes quittent peu à peu l'église de Vex, pour fréquenterles mines et les grottes où ont lieu les accouplements. Les dernières chauvessouris délaissent définitivement l'église en novembre.

Les mines et grottes comme lieux d'hibernation

Lorsque les insectes se font trop rares, les Grands Rhinolophes tombent dans un long sommeil hivernal, interrompu à quelques reprises pour faire leur toilette. Ils utilisent leur réserves de graisse accumulées durant la belle saison. Pour leur sommeil, les Grands Rhinolophes s'enveloppent dans leurs ailes pour diminuer les pertes de chaleur. La température corporelle de l'animal chute pour approcher la température ambiante. La respiration et le rythme cardiaque sont ainsi fortement ralentis, pour minimaliser les dépenses d'énergie. Les cavités souterraines ont l'avantage d'offrir des températures constantes tout au long de l'hiver, voisines de 8°, alors que la température extérieure descend allègrement sous la barre du zéro.
Seules deux cavités (anciennes mines de charbon et de gypse) utilisées comme sites d'hibernation sont connues en Valais, à Aproz et à Granges. Nous ignorons encore où la plupart des chauves-souris de Vex passent l'hiver.

Nourriture

Toutes les chauves-souris européennes se nourrissent exclusivement d'insectes. Pour les repérer dans l'obscurité, elles émettent des ultrasons par la bouche ou le nez. Le Grand Rhinolophe utilise son appendice nasal complexe pour diriger avec précision ses ultrasons, émis par le larynx. L'écho perçu par les oreilles donne des informations sur la taille, la forme et la fréquence des battements d'aile des insectes-proies. Les Rhinolophes distinguent sans peine un papillon nocturne d'un moustique, et ceci dans l'obscurité la plus complète!
Ils repèrent souvent leur proie depuis un affût (avant-toit, branche sèche des arbres fruitiers...) puis les capturent promptement avant de regagner leur perchoir. Leur garde-manger se compose avant tout de papillons nocturnes et de hannetons. Avant de les consommer, les Grands Rhinolophes se suspendent pour les démembrer. Ainsi, les ailes des gros papillons ne sont pas consommées, et il arrive parfois de retrouver des restes abondants sous un perchoir.
Les Rhinolophes, au même titre que les autres espèces de chauves-souris, sont donc des alliés utiles. Par leur prédation, ils maintiennet les populations d'insectes à un niveau supportable pour l'agriculture. La présence de nombreuses chauves-souris est le signe d'un environnement équilibré.

Terrains de chasse

Pendant la saison de reproduction 1993, j'ai entrepris d'étudier la colonie de Vex dans le cadre d'un travail de diplôme universitaire. J'ai suivi une quinzaine d'individus, sur lesquels j'ai fixé des mini-émetteurs. A l'aide d'une antenne et d'un récepteur, j'ai pu suivre les déplacements nocturnes des Grands Rhinolophes.
Les Grands Rhinolophes ont besoin d'habitats structurés, riches en arbres et haies. Ils évitent les grandes zones ouvertes telles que prairies ou cultures. Au printemps, ils chassent avant tout le long de la Borgne, dans les forêts de feuillus bordant la rivière de Longeborgne à Combioule. Les pinèdes sont également exploitées dans une moindre mesure. En été et en automne, les chauves-souris visitent souvent les vergers situés sous le village et au-dessus de Maragnénaz. On est en mesure de penser que ces vergers hautes tiges, encore bien préservés, jouent un rôle important pour les Grands Rhinolophes pendant une partie de l'année. La plaine du Rhône est rarement prospectée.
L'agriculture intensive qui y est pratiquée semble défavorable à cette espèce. De plus en plus laissés à l'abandon, il serait dommage de voir disparaître les vieux vergers dans les années à venir. Avec eux s'envolerait aussi une partie du cachet du village de Vex. 

Imprimer le contenu de cette page
©powered by /boomerang - Photos : Photo-genic.ch et Pierre-Alain Oggier - 2011
 

Déclaration de consentement aux cookies

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies pour améliorer votre expérience utilisateur et réaliser des statistiques de visites.

Vous pouvez personnaliser l'utilisation des cookies à l'aide du bouton ci-dessous.

Tout accepter Tout refuser Mes préférences